Seyna est une compagnie d’assurances indépendante qui distribue ses produits sous marque blanche à travers un réseau de courtiers et de distributeurs spécialisés. Ce nouvel assureur français, créé en 2018, a obtenu récemment son agrément auprès de l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution (ACPR), rejoignant ainsi la startup Alan, spécialisée dans l'assurance santé, qui était jusqu'à présent la seule assurtech à disposer d’un agrément.
Parallèlement à ce processus règlementaire, Seyna a levé 14 millions d’euros de fonds propres pour assurer la solvabilité de la compagnie. Ce tour de table a été mené par Global Founders Capital, Allianz France, la Financière Saint James et une douzaine de Business Angels. L’entreprise, soutenue par la Fédération Française de l’Assurance (FFA), est également accompagnée par l’incubateur de La Banque Postale, platform58.
Philippe Mangematin, Co-fondateur et Directeur Général de Seyna a répondu à nos questions. Interview.
PRESSIN’TECH : Concrètement, que représente pour Seyna l’obtention d’un agrément par l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution (ACPR) ?
Philippe Mangematin : À l’origine de Seyna, il y a la volonté de créer les produits d’assurance les plus simples et les plus utiles possibles. Nous aurions pu choisir d’être courtiers, ce qui aurait été beaucoup plus rapide, mais cela nous aurait freiné dans la liberté de concevoir nos propres produits. Nous ne souhaitions pas distribuer des produits imaginés et créés par d’autres, car nous pensons que notre valeur ajoutée se situe dans notre capacité à concevoir et à lancer des produits d’assurances innovants, sur-mesure, avec nos partenaires. C’est pour cela que nous avons délibérément fait le choix d’être assureur. Ce choix implique un processus long et rigoureux d’obtention de l’agrément de compagnie d’assurance, en France, auprès de l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution. Une démarche de près de 18 mois, un dossier de plus de 1200 pages, une due diligence de tous nos processus afin de vérifier le sérieux de notre équipe et de notre compagnie. En France, il s’agit du premier agrément pour un acteur indépendant en assurance-dommages depuis 1983. Pour nous, cela représente une force et une marque de crédibilité pour développer nos activités. C’est un gage de sérieux pour tous les partenaires avec lesquels nous travaillons. Nous avons en effet une gouvernance solide, un business model maîtrisé, une gestion des risques avec les plus grands noms de la réassurance, et enfin des fonds propres levés auprès d’actionnaires de premier plan, dont Allianz France, largement suffisants pour opérer pendant plusieurs années.
PRESSIN’TECH : Le feu vert de l’autorité vous a permis de démarrer votre activité en France, dans un contexte compliqué toutefois et lié à la crise sanitaire. Comment avez-vous amorcé votre lancement ?
Philippe Mangematin : Démarrage mouvementé en effet, où nous avons pu mesurer notre agilité face aux aléas ! Nous avons eu notre agrément le 6 décembre 2019, et lancions notre premier produit d’assurance de billets de spectacles dans la foulée, au début de la grève contre la réforme des retraites. Puis évidemment, la crise sanitaire à partir de mars, qui a considérablement réduit le volume d’affaires nouvelles, et décalé certains lancements de produits. Par rapport à d’autres acteurs, nous avons eu peu de sinistres à déplorer. Nous avons aussi orienté nos efforts vers des couvertures moins soumises aux événements sanitaires, afin de développer un mix produits équilibré. Nous avons ainsi lancé un produit d’assurance chiens et chats en mai, qui connaît un très bon démarrage, ainsi que deux couvertures paramétriques météo : une assurance « budget électricité - chauffage » et une assurance « roulage » destinée aux amateurs de circuits automobiles. Nous sommes très fiers de ces produits qui illustrent le potentiel des nouvelles données que nous pouvons aujourd’hui utiliser pour établir des couvertures d’assurance. À ce jour, ce sont 12 produits qui ont été lancés par Seyna, dans le monde du loisir, de sport, du e-commerce, de la santé animale, ou encore de l’immobilier, pour plus de 10000 contrats. Nous sortons de cette période compliquée avec plein de nouveaux projets dans les cartons, à développer dans les prochains mois.
PRESSIN’TECH : Quelle est votre perspective sur la transformation digitale du secteur de l’assurance en France ?
Philippe Mangematin : Beaucoup d’efforts et d’énergies sont dépensés pour la transformation digitale de l’assurance, aussi bien dans l’interaction avec les clients, la gestion de sinistres, mais aussi les processus de back-office. Notre conviction est que les assureurs doivent établir des partenariats avec d’autres intervenants qui ne sont pas du monde de l’assurance, pour créer des écosystèmes de plus en plus intégrés. Cette intégration se fera en grande partie avec des passerelles digitales, et il est donc important de prendre la mesure des changements à opérer. Le monde de l’assurance a pleinement conscience des défis auxquels il est confronté, et regarde avec attention les mouvements des grands acteurs technologiques comme Amazon, ou Facebook vers l’assurance. Il ne s’agit pas nécessairement d’une menace selon nous, mais plutôt d’une formidable opportunité pour établir des couvertures les plus adaptées aux besoins des assurés finaux.
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