Selon les informations publiées en juillet 2019 par Mobile Marketing Association France, la France compte 41,9 millions de mobinautes (75% de la population française) et 88% d’entre eux utilisent Internet sur leur mobile tous les jours ou presque. Les applications font partie intégrante des usages mobiles pour les français puisqu’elles représentent 89% du temps passé sur un smartphone avec près de 2 milliards d’applications téléchargées en France en 2018.
Un constat rassurant pour les challengers du secteur bancaire, les néobanques, ces fintechs à la pointe de l’innovation technologique qui proposent une expérience 100% mobile à leurs clients. Le modèle présente de nombreux avantages avec une ouverture de compte gratuite et rapide, sans frais, sans engagement et sans condition de revenus entre autres. En revanche, il n’est pas toujours possible d’épargner et de souscrire un crédit ou un contrat d’assurance car une néobanque est souvent considérée simplement comme un établissement de paiement. Cet agrément délivré par l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution (ACPR) la différencie d’une banque en ligne, cette dernière étant généralement rattachée à une banque traditionnelle.
Le paysage des néobanques françaises et dans le monde
À ce jour, ce n’est pas moins de 26 néobanques actives en France qui proposent des services aux particuliers et aux professionnels. 16 d’entre elles sont des créations 100% françaises mais trois cesseront leurs activités au moment où nous écrivons ces lignes : C-zam de Carrefour Banque, Ditto Bank et Morning détenue par la banque Edel. Bien que certaines aient une activité hybride et proposent à la fois des services aux particuliers et aux professionnels, nous distinguons trois marchés affinitaires : les professionnels, les particuliers et les jeunes.
De nouveaux acteurs sont attendus prochainement sur le marché français, parmi eux :
Blank, une banque mobile spécialement conçue pour les travailleurs indépendants, nouvelle startup du groupe Crédit Agricole ;
Linxo, l’agrégateur de comptes bancaires devient une néobanque ;
Memo Bank, une nouvelle banque pour les petites et moyennes entreprises ;
Moneway, la néobanque 100% française et 100% communautaire ;
Onlyone, la fintech engagée dans la cause environnementale et sociétale ;
Prismea, qui naît d’un appel à projet au sein du groupe Société Générale en 2018 ;
Starling Bank, la néobanque britannique pour les particuliers et les professionnels.
Du côté international, les levées de fonds atteignent des records. La banque mobile américaine Chime, qui obtient 700 millions de dollars après avoir bouclée deux tours de table en 2019, occupe la première place du podium.
Mais c’est au Brésil que la meilleure valorisation d’une néobanque est enregistrée. Nubank, dont le siège est situé à São Paulo, est évaluée à 10 milliards de dollars après une levée de fonds de 400 millions d’euros en 2019.
Une stratégie de conquête et la diversité des offres
Selon une étude menée par KPMG, en partenariat avec Ipsos, plus de 3,5 millions de comptes souscrits auprès d’une néobanque sont actifs en France fin 2019 (contre 2,6 millions en juillet 2019). Le nombre de compte actifs a ainsi été multiplié par 2,5 en 2 ans. Contrairement aux idées reçues, les millennials (18-30 ans) ne sont pas les seuls adeptes des néobanques.
Le coût d'acquisition de nouveaux clients est très élevé dans le secteur. Une des raisons principales pour laquelle les levées de fonds auprès des investisseurs sont si spectaculaires est liée aux sommes colossales que les néobanques doivent engager dans des opérations marketing pour se faire connaitre. Une stratégie d’acquisition basée sur le marketing digital est souvent l’option la plus rentable pour la grande majorité des néobanques qui n’exploite pas un réseau physique de distribution.
68% des clients seraient prêts à faire de leur néobanque leur banque principale si plus de services bancaires étaient proposés, selon cette même étude KMPG/Ipsos. Bien que les prix proposés par les néobanques soient très attractifs et transparents, et que le coût pour des services de banque au quotidien est nettement plus intéressant qu’une banque traditionnelle (estimé à 16€/an pour une néobanque contre 71€/an pour une banque traditionnelle), les services sont souvent limités.
Cependant, l’offre se diversifie chez de nombreux acteurs. En France, N26 a mis en place un partenariat avec Younited Credit, la seule plateforme de prêts aux particuliers en Europe disposant de son propre agrément d'établissement de crédit. N26 propose donc de souscrire un crédit à la consommation allant de 1 000 € à 50 000 €, avec une réponse sous 24 heures. Revolut, quant à elle, propose des opérations boursières sans commission (Revolut Trading). Mais il n’est toujours pas possible, à ce jour, de déposer des chèques, de souscrire un crédit immobilier ou d’épargner auprès d’une néobanque, par exemple. Du côté des professionnels, Qonto espère bien obtenir prochainement l'agrément d'établissement de crédit pour répondre à la demande des PME qui recherchent des financements. Pour certains besoins, il est donc encore indispensable aujourd’hui de combiner le compte d’une banque mobile avec celui d’une banque traditionnelle.
À la pointe de l’innovation technologique
Depuis 2018, les évolutions réglementaires et notamment la DSP2 (Directive sur les Services de Paiement), favorisent de nouvelles initiatives. En effet, cette réglementation relative à l’Open Banking oblige les établissements bancaires à partager, via des API (Application Programming Interface), leurs données avec des tiers. Une étude menée par Deloitte précise qu’à travers ce nouveau modèle de places de marché, les clients n’auront plus qu’une interface bancaire. Elle leur donnera accès à tous les produits et services du marché proposés par l’ensemble des acteurs (banques traditionnelles, banques en ligne, fintechs ou néobanques). Par le biais de l’Open Banking, les régulateurs stimulent une concurrence accrue au sein du marché. Mais si certains acteurs demeurent méfiants, cette révolution, plus qu’une menace, est une opportunité de revoir en profondeur les infrastructures technologiques et de répondre aux nouvelles exigences des clients autour d’une expérience utilisateur améliorée et plus rapide. C’est donc une autre des raisons pour laquelle les levées de fonds auprès des investisseurs sont importantes, car elles permettent aux néobanques de rester dans la course à l’innovation technologique qui nécessite de lourds investissements.
Même si certaines se disent rentables, la grande majorité des néobanques ne l’est pas. Mais est-ce vraiment la rentabilité que ces dernières recherchent à court terme ? Probablement, non. Selon certains experts, il est surtout nécessaire d’atteindre une taille critique pour ensuite proposer des services à forte valeur ajoutée et tenter de pérenniser le modèle économique.
Il est également possible qu’un rapprochement, entre certains acteurs - traditionnels ou non - et leurs concurrents sur le marché des fintechs, s’opère. Les néobanques se multiplient, certaines proposent des services très similaires et s’adressent évidemment à la même clientèle. Les experts annoncent une consolidation à terme.
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