Pixpay, la nouvelle application bancaire destinée aux 10-18 ans, a levé 8 millions d’euros supplémentaires en mars, moins de quatre mois seulement après le lancement de son offre commerciale. Une nouvelle levée de fonds qui devrait permettre à la néobanque de poursuivre son développement en France mais aussi à l’étranger, dans plusieurs pays européens notamment.
Caroline Ménager, Co-fondatrice et Chief Marketing Officer de Pixpay, a répondu à nos questions. Interview.
PRESSIN’TECH : Une partie de notre analyse met l’accent sur la stratégie des néobanques pour conquérir de nouveaux clients. En ce qui vous concerne, s’il vous faut séduire les adolescents, il vous faut aussi convaincre les parents. Comment vous y prenez-vous et quelle est votre stratégie de conquête (réseaux sociaux, marketing digital, publicité, partenariats…) ?
Caroline Ménager : Notre stratégie de conquête de client s'appuie en effet en grande partie sur le duo parent/ado. Un de nos premiers enjeux, c'est de séduire les adolescents. Nous travaillons pour ce faire sur notre branding et sur l'enrichissement de notre proposition de valeur. Par exemple, nous venons de lancer un programme - nommé Pix&Love - avec des marques emblématiques de la génération Z, comme Citadium, Undiz, MacDonald's ou Les Cinémas Pathé Gaumont. En utilisant leur carte Pixpay chez ces partenaires, les ados peuvent récupérer des euros sur leurs achats. Une fois convaincus, nous capitalisons sur le pouvoir de prescription des ados au sein de la famille. Les ados peuvent ainsi précommander leur carte, et ils nous transmettent ensuite les coordonnées de leurs parents dont l'accord est indispensable pour finaliser la commande. Nous pouvons ainsi parler de Pixpay à des parents dont les enfants sont intéressés. Cela multiplie nos chances de succès !
PRESSIN’TECH : Selon les chiffres les plus récents apportés par l’INSEE, le segment des jeunes de 10 à 18 ans révolus en France est d’environ 7,5 millions. Combien de clients vous faudrait-il pour viser la rentabilité ? Et quelles sont vos ambitions à court terme (objectifs d’acquisition, expansion à l’étranger…) ?
Caroline Ménager : Le lancement commercial de Pixpay a eu lieu en novembre 2019. Moins de 3 mois après notre lancement, nous comptions déjà plus de 10 000 utilisateurs payants et nous étions présents dans plus de 3000 villes et villages de France. Fort de ces débuts prometteurs, nous visons 2 millions de clients à horizon 2023, avec un déploiement de notre offre en Europe dès 2021.
PRESSIN’TECH : La concurrence est rude : Kard, Xaalys, Nickel. Et plus récemment Revolut, qui revendique un million de clients en France, vient de lancer son offre Revolut Junior pour les jeunes de 7 à 17 ans. Aviez-vous envisagé un tel engouement pour ce marché avant de vous lancer ? Et comment réagissez-vous face à la concurrence ?
Caroline Ménager : Tout à fait, nous étions dès le départ intimement convaincus que ce marché était à l'aune d'une transformation forte. Pourquoi ? Parce que les adolescents étaient notoirement sous-équipés en moyen de paiement moderne (15% d'entre eux seulement dispose d'une carte de paiement) et qu'ils étaient totalement exclus de la révolution du cashless et du digital. Une raison très simple à cela : les banques historiques ont longtemps considéré les adolescents comme de futurs clients ou comme les enfants de leurs clients actuels, mais pas comme des clients à part entière. Contrairement à ces banques historiques, nous sommes convaincus que le sujet des finances des ados n’est pas anecdotique. Apprendre à gérer de l’argent est une étape indispensable à nos yeux pour que nos enfants soient préparés à aborder le monde de demain avec confiance. C'est pourquoi nous avons construit notre app mobile et notre service en collaboration avec de nombreuses familles et des ados, pour répondre spécifiquement à leurs besoins à eux, au quotidien.
Nous sommes très positifs quant à l'arrivée de concurrents sur ce marché. Non seulement parce que nous pensons que nous avons un produit vraiment adapté aux besoins des parents et des ados, mais aussi parce qu'ensemble, nous allons contribuer à évangéliser un marché qui reste encore à conquérir.
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